Là, quatre hommes sont avachis sur des sacs éventrés, à même le sol. L’un d’eux me parle dans un anglais si mauvais que j'ai du mal à saisir ce qu'il me dit et le fais répéter trois ou quatre fois. Je finis par comprendre que je l'ai offensé en ouvrant moi-même la barrière !
Ah ! Je décèle dans son attitude et son regard couleur latérite que le brave homme est loin d'être à jeun et qu'il est sûrement le « chef » car les autres ne pipent pas et ricanent. Il va falloir être diplomate... l’homme finit tant bien que mal par se relever, découvrant un coin de la paillasse qui lui sert de lit, et exhibe d'un air narquois les 3 ou 4 AK47 cachés dessous, avant de s’affaler à nouveau..
— Oui et alors ! moi je n’ai rien.
Souriant, et dans un geste spontané, je retourne les deux poches de mon short laissant pendre mon mouchoir dont la couleur est au moins aussi rebutante que sa chemise, et mon Laguiole suspendu à sa chaîne.
Je le laisse causer... je comprends enfin qu’il veut me vendre une escorte pour traverser les zones suivantes : « le lieu n’est pas sûr, il y a des bad boys plus loin... » sûrement des cousins à lui !
L’homme se lève en titubant. Il insiste... je continue à refuser gentiment... de toute façon je n’ai pas de place pour transporter le garde-escorteur. Je lui propose de me suivre jusqu'à la voiture pour qu’il s’en rende compte.