2008   -   SVALBARD   -                   Sur les terres de l’ours polaire

Cette fois Tembo n'est pas invité !! c’est un voyage « expédition » sur un brise-glace.

 

Transit par Oslo et embarquement pour Longyearbyen. Vol éblouissant, soleil sans nuage, qui nous fait découvrir les îles Lofoten dans leur splendeur enneigée entourées de la mer du Nord d’un bleu uniforme. Puis le sud du Svalbard immaculé, volcans et montagnes noirs recouverts de neige.

A 23h45 nous débarquons avec une pleine luminosité polaire et découvrons Longyearbyen (1500 hab.) l’hôtel est presque au bout du village à 2km ! Se déchausser, enfiler ses chaussons, comme nos pantoufles, coutume et usage locaux toujours en vigueur où que l’on rentre (hôtels, magasins, habitations, etc..) 

 

Une petite ballade dans la « ville » aux détours des routes et chemins pour se retrouver sur le port.

Le brise-glace Polar Star est en rade, le quai est occupé par autres 2 bateaux, dont un du National Géographic.

C’est donc en zodiacs que nous rejoindrons l’échelle de coupé et montons à bord. Il faudra plus d’une heure de rotations pour embarquer tous et tout.  Le Polar Star c’est 120 personnes avec le personnel de bord, dont 92 passagers de 10 différents pays incluant l’équipe scientifique. Nous avons juste le temps de trouver notre cabine, déposer la valise que l’on nous appelle pour un briefing dans le salon arrière par le capitaine Jacek Majer, la chef d’expédition Hannah Lawson, la commissaire de bord Rita et tous les guide-scientifiques spécialistes: géologue, milieu marin, glaciologue, ornithologue faune, flore, environnement etc..

La politique du commandant est simple – tout nous est accessible –  depuis la passerelle jusqu’à la salle des machines – tout est ouvert - pas de clefs et donc pas de fermeture des cabines - Confiance est le mot d'ordre.

Nous avons déjà levé l’ancre et nous faisons route plein Ouest vers la sortie du fjord et direction pleine mer.

 

Barentsburg, c’est une communauté minière Russe et Ukrainienne de 500 habitants, qui vit ici en complète autarcie. L’univers qui nous entoure est rude et délabré tout pourtant semble démesuré dans la tailles des bâtiments, le gymnase, la statue de Lénine (et oui) qui trône sur la « Grande » place centrale. Ré-embarquement, le bateau quitte le fjord pour la pleine mer un peu plus agitée, et cela va durer toute la nuit - nous naviguons maintenant vers le plein Nord en passant à l’extérieur de l’île du Prince Charles.

 

Ny-Alesund : ancienne cité minière devenue station internationale de recherche, nous y découvrons un ancien train minier, le buste d’Admunsen, le mât qui a servi à l’ancrage des dirigeables Norge et Italia avant leur survol du pôle. Un chenil, une meute de huskies - pour prévenir des ours - des « rubans » de viande de phoques séchent en plein air et servent de nourriture pour les chiens . Nous avons repris la mer et nous longeons la cote des 7 glaciers en route vers Magdalena fjord. Briefing sur les manœuvres d’embarquement et de débarquement en zodiacs. Le temps est de plus en plus couvert, il neige même… Nous embarquons et débarquons sur les gravières dans la baie à Graveneset où se trouvent de nombreuses tombes de marins décédés au Spitsberg durant la période baleinière - passage furtif d’un renard polaire au cours de notre marche, empreintes d’ours assez anciennes mais toujours visibles dans la neige. Glacier Waggonbreen la glace de surface qui couvre la baie se fend en grande plaques – c’est magique comme spectacle -  sur le front du glacier que nous approchons à une centaine de mètres des reflets bleus, gris et blancs apparaissent marquent le mur imposant du glacier qui s’effrite et tombe en blocs dans la mer – les vêlages récents apparaissent bleus. Un phoque sur un glaçon au loin …Toujours un fond de bourrasque de neige.

 

Appel: 2 morses à tribord sur des glaçons – ils sont un peu loin.. retour en cabine on s’allonge tout habillé au cas où…..nous naviguons toujours vers le nord. Aux différents bruits que fait le bateau nous comprenons qu’il progresse dans du pack glacier et qu’il repousse ou fend de la glace. 23h45 nouvelle annonce: un ours à bâbord, nous bondissons sur le pont !!! et nous découvrons émerveillés le seigneur des lieux sur une plaque de glace.

Il se met à l’eau et longe le bateau. Il remonte sur un autre glaçon à l’arrière où il nous exécute un véritable numéro. Il s’ébroue, se dresse sur ses pattes arrière. Il se remet à l’eau, rejoints la banquise et recommence, se déplace, part et reviens, se roule dans la neige, nous observe, se lèche les pattes et finit par s’éloigner..il est 1h00 du matin !!! Après ce moment magique le bateau repart. La mer est trop forte et les conditions de vent et neige sont déplorables. Le Polar Star va s’abriter à l’embouchure du Raudfjord.

 

9h30… Ours blanc à tribord le bateau stoppe à nouveau en s’approchant le plus possible des blocs de glace et de l’animal. Celui-ci est plus loin que le spécimen aperçu cette « nuit » mais son apparition demeure magique.

Le temps se gâte le Polar Star écarte et fend la banquise, il s’arrête recule, repart, la progression est lente, le brise glace en fait, pousse les glaces dérivantes, s’appuie sur les blocs, monte son étrave sur le pack faisant céder de larges plaques sous son poids. L’épaisseur de la glace est impressionnante au moins 1,8 mètre. Nous avons continué dans la glace et atteint notre point le plus au nord, 80° 00.6’ North, 012° 00.4’ East.  Cela se fête, tout d’abord avec un verre d’aquavit mais aussi au son de la sirène de bord. Actionnée, celle-ci tout d’abord refusa de fonctionner puis démarra toute seule et a manifesté le désir de ne plus s’arrêter pendant 6 longues minutes…

 

Nous passons toute la matinée au poste de pilotage car le vent est glacial-nous profitons de ce moment pour approcher appareils, cartes, poser des questions, mieux comprendre le trajet que nous effectuons depuis ce matin et là… étonnement nous comprenons que nous « tournons » en rond, il semble impossible d’atteindre Moffen.. trop mauvais temps et surtout le « ice pack » est trop dense - Le commandant nous dit que l’an dernier à la même date le contournement du Spitsberg avait pu être effectué sans problème mais cet hiver il est tombé beaucoup de neige dans le nord-est…. Débarquement, la balade rando commence par une marche un peu pesante dans 70 cm de neige fraiche. Nous enfonçons au delà du genou à chaque pas - je me demande même si je vais arriver au bout – la progression est lente mais régulière, une fois que chacun a trouvé sa place dans la colonne elle progresse sans trop d’arrêt jusqu’au sommet à environ 300 m au dessus du niveau de la mer -  le silence règne – 5 mn de total silence est demandé par Niklas (notre muscher guide) c’est beau, c’est bon et impressionnant – puis la descente se fait en luge sur le dos ou le ventre selon le choix…

Nous  naviguons quelques instants tout près d’un couple de morses aux longues défenses qui émergent quelques instants près de nous. Retour à la chambre à 13h30 nous nous « écroulons » sur nos couchettes, nous avons 1h devant nous avant un prochain départ ! 

 

Nous nous retrouvons dans la file d’attente du pré-débarquement avec  nos gilets de sauvetage. Petite marche pour approcher une petite falaise protégée - de nombreuses fleurs et lichens - nous avons droit à un vêlage modeste du glacier qui entraine un reflux de vague de quelques mètres sur la grève. Plage de Poolepynten sur l’île du Prince Charles, couverte de bois flotté et occupée par une colonie de morses, 25 environ sont pressés les uns contre les autres et 2 mâles s’ébattent et joutent amicalement devant nos yeux, nous restons plus d’une heure à les observer. Beaucoup de fleurs, saxifrages, dryades à 8 pétales, lichens, un beau lagopède (perdrix des neiges) nous observons les glaçons de mer qui dérivent par rapport à la position du bateau.  Briefing pour un débarquement: promenade libre au Cap Gnalodden au pied d’une falaise de 759m de haut où nichent de nombreux guillemots de Brunnich et des mouettes tridactyles, en contrebas saxifrages à feuilles opposées et Oxyrie médicinale plante antiscorbutique tapissent la lande rase. La déambulation permet de visiter des restes caractéristiques un camp d’été Pomor, ce peuple de Russie qui venait chasser et poser des trappes au Svalbard peut être bien avant le 18ième siècle. Une ancienne et rustique cabane de trappeur est toujours là, à proximité d’une source pérenne d’eau chaude.

 

Baleines à l’avant du bateau, habillage complémentaire rapide, les moteurs s’arrêtent le bateau se laisse dériver, et certainement plus de 4 baleines, 2 à bosses et 2 rorquals communs passent «tranquillement» quelle aubaine !!

Promenade en bordure de toundra, où de très nombreux restes de bélougas évoquent la chasse intensive qui a eu lieue dans la région, la cabane « Bamsebu » en bordure de ces innombrables ossements, de très nombreux lichens colorés et oies bernaches ont ponctués notre sortie. 

Salle des machines, bruyante et étouffante chaleur et d’odeur de cambouis - équipage philippins…  Sortie à Kapp Liné station de radio. Longyerbyen nous restons à bord - traditionnel apéritif du commandant, avec l’équipage au complet - nous recevons un Certificat attestant notre passage du 80°N, débarquement définitif à 2h00 du mat.. marée haute.. Le bus vient nous prendre et 10mn plus tard nous sommes à l’aéroport.

 

Retour sur Oslo, puis Paris et Tours

Nous sommes le 20 juin il fait une chaleur à crever – nous étions si bien au frais du Grand Nord que la fatigue nous tombe vraiment dessus… Le reste attendra demain …