2005   -    virée marocaine


5ème jour de vacances !!- nous réussissons (enfin) à prendre le départ; Phi n’est pas prêt dans sa tête avec la préparation du HZ ! Il faut dire en préambule que c’est le premier « voyage » que nous entreprenons avec le Toy et malgré de nombreux WE et heures passées à l’équipement du véhicule le 4x4 est loin d’être au niveau de finalisation requis…. 

 

Les grandes plaines espagnoles avant Madrid, Nord de Malaga, bivouac difficile, les champs sont occupés par des cultures, des oliviers, nous trouvons - dans un coin de garrigue à qq distances de fermes - un chemin isolé qui mène après 200 m à un terre-plein vraisemblablement utilisé par des chasseurs. Il est arboré et nous stoppons sous les « tousques ».

 

Un berger et son troupeau de chèvres passent près de nous. Salutations matinales et premier retour à l’espagnol depuis au moins 25 ans.Il va falloir que je révise au moins pour le « bonjour » et le « merci » qui ne reviennent pas aussi spontanément que l’on croit. Algesiras, nous avançons jusqu’au pied de l’embarcadère sans difficulté, nous en sommes tout étonnés (nos informations faisaient état de file d’attente pouvant atteindre 2 jours !)

Nous sommes en tête de file – qq voitures et camionnettes nous rejoignent- en tout une trentaine de véhicule. – Certains chauffeurs paraissent très fatigués et certainement sous influence dopante. 1h de traversée pendant laquelle nous avons à peine le temps de quitter Gibraltar du regard que nous arrivons à Ceuta.

C’est la découverte de cette petite enclave espagnole en terre d’Afrique, une citadelle sur un piton rocheux qui fait face à Gibraltar avec sur ses flans les maisons blotties de la ville et du port, paysage méditerranéen – Sur le parking près de nous un Marocain planque de la « marchandise » dans les doublures des portières de sa voiture. Tranquillement !!! Nous ne savons pas s’il sort ou rentre vers le Maroc. Passage de la frontière relativement facile - des policiers en nombre ! Maroc - la pagaille commence dès le premier rond point à 50 m après la frontière traversées en tous sens et en tous genres (humains, animaux, véhicules) dans une multitude désordonnée et sonore !!! Vraisemblablement une foule de clandestins doit être aussi là à guetter une opportunité (cf actualités journalières) Chefchaouen sur le bord occidental du riz est un gros village perché sur les hauteurs de la colline – posé dans une demi vasque dominant la plaine et accolé à quelques monts couverts d’eucalyptus et de sapins.

Nous sommes arrêtés et nous récoltons une contravention de 100 dirhams pour absence du port de ceinture !!! – Petite discussion, le policier nous indique où aller se garer pour faire la promenade dans la médina - aux belles couleurs bleues, son souk, et sa kasbah. Seul camping du village; il est petit et déjà bien rempli beaucoup de compatriotes - routards en tous genres - et dans la promiscuité des voisins !!! - nous sommes bien loin des bush-camp d’Afrique australe. La musique emplit le camp, il y plane également des senteurs douceâtres qui avec la fumée bleutée se fondent dans la nuit…

 

Départ tranquille pour Fès.  Les bergers et leurs troupeaux passent près de nous, la vie reprend son cours. 

Route de montagne avec beaucoup de lacets. Fès par le haut de la vieille ville, cela nous permet de repérer les lieux. Parking de la porte Bab-Guisa - Découverte de la médina et du souk après avoir laissé la voiture à la surveillance d’un jeune – paiement au retour négocié ! Dès la porte franchie le bruit, les odeurs, rôtisserie, friture, caniveaux, excréments divers..) nous noient dans un tourbillon qu’entraîne une foule compacte de Marocains qui bouscule…parfois presque délibérément, de mules batées, de chariots en tous genres poussés, tirés soulevant poussière et roulant dans les déchets, les gravats, les crachats, l’eau qui ruisselle etc… Les enfants ne sont pas trop nombreux à nous accrocher mais ils sont tenaces. Les commerçants aussi d’ailleurs sont tenaces – il faudrait pouvoir passer des heures dans ces ruelles à discuter et à visiter chacune des boutiques. Nous traversons les différents quartiers artisanaux : tanneurs, épices, parfums, menuisiers, potiers, couturiers, et vendeurs de multiples produits variés. Quartier des tanneurs nous faisons une halte sur les terrasses pour avoir une vision des bacs à teinture – la menthe est offerte pour « soi- disant » l’odeur - c’est tout à fait supportable et bien moins prenant que les otaries de Cape cross. Medressa décoration en stuck de la cour intérieure et calme relatif malgré le brouhaha qui règne à l’extérieur. En sortant nous achetons une belle poignée de figues à un marchand ambulant. Nous ne nous en sortons pas trop mal sans guide malgré une petite digression dans une zone non prévue sur notre « circuit » - la Médina est « fléchée » nous retrouvons donc notre chemin et la porte de Bab-Guisa.

Foret de cèdres et plateau d’Azrou, Ifrane, sources d’Oum-er-Rebia, lac de montagne Aguelmane-Aziga nous stoppons sur un semblant de parking. Anne est abordée par le couple que nous avions salué qq km auparavant.  

Il nous invite très gentiment à prendre le thé et à manger avec eux - difficile de refuser, lui parle français, anglais c’est un ancien militaire, elle ne parle que l’arabe. Ce sont des Berbères – nous partagerons leur hospitalité pour le repas et à grand renfort de thé – nous partagerons notre pastèque et nos pommes - Ce n’est que vers 16h que nous pourrons nous esquiver ! Kenitra, puis filons vers Midelt. Nous nous arrêterons près de Boumia : à l’abri de la station technique d’un pylône antenne ! 

 

Route de montagnes- elles est jalonnée de « Kern » de pierres sur lesquels trônent des bouteilles de couleur brune, nous sommes intrigués et nous pensons au contenu (Essence, GO, huiles diverses –olives ou autre)- nous finirons par nous arrêter pour découvrir qu’il s’agit tout simplement de miel ou plutôt du miellat nous en achèterons une bouteille. Puis ce sont les premières palmeraies – Arrêt à Rich – à peine descendus de voiture, déjà on nous escorte , nous confions à un autochtone le soin de nous guider pour qq courses : une bouilloire   et support de gaz en terre cuite. Er-Rachidia : source dans une palmeraie, dans un état pitoyable, Erfoud, Rissani, Merzouga. 

Nous sommes complètement déshydratés - c’est vrai qu’il faut être un peu fou pour venir ici  au mois d’août !!! Nous n’avons pas de thermomètre, mais nous n’avons jamais connu une telle chaleur, avec en prime un vent violent très chaud et chargé de sable.Nous décidons de camper dans un creux de dune, assez bien abrité du vent, nous ne sommes pas vu et c’est le calme absolu .

Phi se couche sur le toit, moi dans la voiture, moins téméraire. Toujours très très chaud. Le vent n’est devenu qu’un peu plus frais que vers 3h30……. Nuit hyper calme.

 

Réveil à 5h avec le jour. Prenons notre temps. Nous nous avançons donc jusqu’au pied de la plus grande dune qui surplombe la ville. Nous ne ressentons pas la magnificence des dunes du Namib – couleurs – lignes -  grandeurs rien ne nous cause face à ce sable là – aussi beau que soit l’erg Chebbi. Rissani, la magnifique porte a l’entrée de la ville, puis direction Zagora : 360° de Reg caillouteux, absolument désertique sous une chaleur torride.

Alnif, pour nous mettre au frais dans un café. Un homme parlant bien français et érudit en trilobites « Fossiles » nous emmène dans les dédales de ruelles puis il s’arrête chez des voisins. La femme nous reçoit avec du thé !

Tazzarine , une palmeraie isolée avec de l’ombre.Nous montons sur le toit pour nous allonger 15mn. 

Zagora : camping à notre standing ! Commodité de base, entouré de hauts murs, il est proche de la palmeraie – Le thé nous est offert. Notre énergie est mise à l’épreuve…

 

Nous traversons qq villages dans les montagnes vers Mhamid, il fait déjà chaud pas de dune, mais une immense plaine qui se perd dans la brume de chaleur. Nous suivons un tronçon de piste sablonneuse, et très vite nous sommes accostés par un marocain qui nous dit qu’il ne faut pas aller plus loin… qu’il faut un guide pour aller voir les dunes… La palmeraie, serpentons en longeant les murets de terre, une grande sécheresse et des palmiers en bien piteux état. Nous traversons l’oued qui est sec comme le reste des environs. Retour vers Zagora - passage obligé, plein d’essence, eau, argent, puis la piste pour Foum-Zguid. Il nous faut passer le 1er village, la piste longe le djebel par son flanc Ouest et l’oued serpente à son pied.Alors, place au flair et Inch’Allah….

De petites palmeraies, des espaces cultivés puis une étendue de reg, à perte de vue, la qualité de la piste s’est dégradée et devient caillouteuse. La vallée s’est resserrée. Nous voyons poindre un vent de sable et nous sommes dedans en qq minutes. Nous suivons maintenant une camionnette chargée jusqu’au toit de Marocains qui rentrent chez eux. A une bifurcation nos voies se séparent et un bras tendu par la portière nous fais signe d’aller tout droit. Le vent a cessé, l’endroit semble désert, pas un habitant, personne sur la piste, qq troupeaux de moutons et chèvres, qq tentes de nomades bergers au loin. Nous traversons un hameau avec plusieurs maisons en pierres. Nous demandons à un jeune homme la possibilité de laisser la voiture garée contre le mur de enclos, un peu à l’abri. Pas de problème. Il nous apporte du thé, et nous propose de coucher dans la (maison), une grande entrée, 3 murs, un toit. Nous déclinons gentiment nous avons de quoi dormir dans la voiture. La communication avec notre hôte est joviale mais difficile, il ne parle français, ni anglais nous pensons même que localement ils ont un dialecte entre eux (des berbères, du chleuh ….car nos qq pauvres mots d’arabe ne semblent pas bien compris ! Une tajine nous est apportée avec du pain, nous offrons et partageons, pommes et pastèque. Nous (montons) nous coucher, nous préférons dormir sur la galerie du toit, ce soir encore.

Le vent est toujours très chaud mais faible- La nuit est calme et belle.

 

Coqs et poules nous réveillent à 5h. Foum-Zguid, la route vers Tissint – Nous longeons un oued en eau, le seul que nous ayons vu ainsi - le paysage est désertique couvert de brume de chaleur (comme  nos cerveaux). Tata, nous sommes tellement anéantis que Phi conduit au radar, le sommeil nous prend, nous cherchons désespérément un petit coin d’ombre. Nous stoppons, las, sur un trottoir, en plein centre  sous un coin d’ombre ! Et essayons de sommeiller qq instants. Puis prenons orange et pomme, avant d’aller boire 2 coca dans le seul bar ouvert, et attendons que la chaleur nous paraisse baisser un peu. C’est un leurre !!!! Nous reprenons la route à 15h30. Passons qq villages avec des palmeraies.  Cette région possède de très nombreuses peintures rupestres, nous sommes abrutis de chaleur. Nous trouvons, après un Xième contrôle de police, notre lieu de bivouac - dans le lit d’oued- la frontière algérienne n’est pas loin.  Nous manquons encore d’énergie, chaque mouvement nous coûte. Nous gardons nos chemises à manches longues et couvre-chef c’est la méthode locale - l’humidité se fait à l’intérieur, c’est plus «agréable ». 

 

Taghjicht : bifurquons pour Assa jusqu'à un col pour la vue : une guérite militaire, les plantons nous saluent, offrent de l’eau, et de rester avec eux pour déjeuner, nous déclinons l’invitation à déjeuner, jugeant qu’il aurait duré + que de raison !!! Reprenons la direction de Guelmin. Phi a des civilités à faire, ici : il téléphone à un instituteur Fnidou qui nous rejoint 1/2h + tard. Il nous invite à le suivre jusque chez lui pour la cérémonie du thé, nous discutons un long moment avant de ressortir. Nous nous rendons au marché aux dromadaires - cette foire est une incontournable activité de la ville, moutons, chèvres, ânes, vaches… paille et foins tout est à vendre et à acheter - c’est déjà la foule …assortie de ses bruits et de ses odeurs - Anne semble être la seule femme dans l'enceinte !  Nous déambulons entre les bestiaux et les maquignons – c’est vrai que c’est assez pittoresque.

Nous repassons chez notre hôtesse de la veille prendre un paquet à remettre à sa famille que nous devons aller voir à Foum-Assaka ,puis chez l’instituteur pour le remercier de son hospitalité – nous lui remettons qq cahiers et accessoires scolaires pour son école - Nous prenons congés, piste pour Foum-Assaka (c’est presque le Kunene….) tous les 3km des postes de contrôles militaires, des cailloux coupants, la voiture passe à peine…..puis des champs de figuiers de barbarie à perte de vue et des vallons. Village rustique de 5 à 6 maisons construites en dur sur un plateau qui surplombe la mer.

Toute la famille est là - civilités d’usage - Phi donne les paquets attendus. L’une des filles (Rhia) connaît qq mots de français, cela permet un peu d’échange.Allons voir la mer mais il y a un brouillard à couper au couteau. Nous ne la distinguerons que très peu au hasard des éclaircies dans les nuages qui s’accrochent sur les falaises de la cotes.Nous échangeons du mieux que nous pouvons avec Rhia. A nouveau est servi du pain et un plat de poisson seuls Rhia , son père , et nous 2 mangeons. La mère et un des frères nous ont rejoint – Puis la pièce est transformée en chambre avec l’ajout de nombreux tapis, couvertures et coussins. - qq instants plus tard nous sommes allongés et y passons une nuit calme.

 

Rhia avait bien envie de partir avec nous !!!

Enfin la Plage Blanche, complètement dans le brouillard, continuons sur la plage !!! La mer, avec ses gros rouleaux, nous saoule d’un bruit incessant. Nous remontons vers Guelmin - toujours beaucoup de brouillard. 

Sidi Ifni- brouillard 100 % qui tombe en pluie fine. Direction Tiznit. La chaleur s’accroît au détriment du brouillard. Repartons vers Agadir le front de mer - on se croirait sur la cote d’Azur !!! Une foule dans les rues, sur les plages, nous n’avons vraiment aucun plaisir à être ici , pourtant nous rêvions de nous mettre à l’ eau tellement nous avons chaud. Direction le port de pêche - pas de vente de poissons, ni d’accès à de petits bateaux, par contre nous découvrons des quartiers de style (Slums de Calcutta ) constructions basses – toits en tôles ondulées et paraboles satellite à perte de vue - Pas de poissons ici non plus. Direction Essaouira - un village avec de jolies barques sur la plage, un marché de fruits , légumes , viande , et des boui-boui qui servent un assortiment de poissons frits : ce sera notre dîner avec 2 beignets - 

Direction Safi. S’il n’y avait pas ce vent violent et assez froid ce serait l’idéal pour rester qq jours ici à manger du poisson. Devant nous l’océan se retire et les femmes et les enfants pêchent (une fillette est venue nous présenter une belle araignée). Achetons des figues sur le bord de la route (nous en aurons fait une cure ….) Tamanar - coopérative de femmes qui produit de l’huile d’argan.

El-Jadida: la citée portugaise et son ancienne citerne - c’est assez beau Retrouvons Youssef, Isabelle, sa femme et leurs enfants. Casa est une ville immense , très étendue. Un superbe et sublime couscous nous attend avec des coupes de fruits: quel dommage d’avoir un estomac si petit !!!  Thé à la menthe, discussions, échanges, farniente, douche pour nous deux nous ne savons + depuis quand …..

Nous nous couchons vers 1h du mat, dans la chambre des filles, et dans un vrai lit !!!!!

 

Khemissèt, une foule à pieds, de très nombreuses tentes noires bédouines, couvertes de kilims, de la musique, puis dans la poussière et le brouhaha une Fantasia -belles scènes de cavalerie marocaine. Les bêtes et cavaliers sont en harnachement d’apparat. 

Larache : bassin du port un « boui-boui » prépare des assiettes de grosses sardines grillées - Sur la route vers Tanger faisons qq. incursions vers des criques, les abords de plage sont toujours aussi sales et l’eau toujours aussi froide. Nous longeons le grand chantier du nouveau port de fret de Tanger, et nous filons vers la frontière de Ceuta et le port d’embarquement - pour le bateau que nous manquons à 2 voitures près !!! 

 

Satisfaction de l’investissement voiture et déjà une liste très longue de choses à faire évoluer pour compléter l’équipement et la vie à bord…. Mais cela sera sûrement une autre histoire (longue nous l’espérons) du moins Philippe la rêve t’il !